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Conte de FIV

Maternité : va-t-on conserver ses ovocytes pour "convenance personnelle" ?

Le Point.fr - Publié le 28/01/2013 à 13:43 - Modifié le 28/01/2013 à 15:38

Des enfants après 40 ans, c'est possible grâce à l'autoconservation des ovocytes. Réservée aux femmes malades, elle pourrait être étendue à toutes.

L'autoconservation des ovocytes serait "prématurée" et non "pertinente à ce jour".

L'autoconservation des ovocytes serait "prématurée" et non "pertinente à ce jour". © Florence Durand / Sipa

Alors que la loi sur le mariage homosexuel et surtout sur l'accès à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de femmes fait la une de l'actualité, un autre débat, plus discret celui-là, pourrait également entraîner des évolutions considérables dans notre société : il concerne "l'autoconservation sociétale des ovocytes". En d'autres termes, la possibilité pour une femme ni malade (et donc susceptible de subir une chimiothérapie altérant sa fécondité ultérieure) ni homosexuelle de "mettre à l'abri" ses précieux ovocytes le temps de poursuivre ses études ou de trouver le compagnon idéal avec qui faire des enfants aux confins des limites biologiques, voire au-delà.

En décembre dernier, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) a estimé que plusieurs arguments plaidaient en faveur de l'autoconservation ovocytaire. Selon lui, ce "progrès médical" est, avec le don d'ovocytes, la seule méthode de traitement de l'infertilité réellement efficace à 40 ans et qui permet aux couples d'"utiliser leur propre capital génétique". Cette pratique est déjà autorisée par la loi de bioéthique de juillet 2011 pour raison médicale. "L'autoconservation de convenance est possible pour les hommes. Il n'y a pas de raison particulière pour que cela ne soit pas autorisé aux femmes", précise le CNGOF.

"Prématurée"

Néanmoins, ce collège reconnaît que cela risque d'encourager les grossesses tardives et leurs éventuelles conséquences néfastes pour la mère et l'enfant. Cela pourrait aussi donner de faux espoirs aux femmes. Une récente étude étrangère souligne que, dans le meilleur des cas, le taux de naissances par cette technique est de 62 %. Le déclin du taux de succès de la PMA s'amorce dès 35 ans et s'accentue à partir de 37 ans.

La Fédération des centres d'étude et de conservation des oeufs et du sperme humains (Cecos), elle, juge l'autoconservation des ovocytes "prématurée" et non "pertinente à ce jour". Dans un avis daté de janvier et dont l'Agence de presse médicale (APM) a obtenu une copie, l'organisation estime que les moyens doivent être mis "en premier lieu" dans la recherche afin de "définir au mieux les populations à risque d'insuffisance ovarienne prématurée avant de proposer cette technique". "Ainsi, cette conservation des ovocytes sera mise en place à bon escient dans ces populations à risque de stérilité précoce", explique-t-elle, précisant que les critères d'innocuité et d'équité pourraient ainsi être "mieux respectés dans ces indications précises".

La question de la prise en charge

La fédération des Cecos estime que la possibilité de "conservation pour convenance personnelle" pose un grand nombre d'interrogations et elle émet des réserves. D'abord, "si toutes les femmes pouvaient conserver leurs ovocytes sans indication médicale, seule une faible partie d'entre elles seront dans la nécessité de les réutiliser (1 % à 5 %)". Une majorité d'entre elles subirait donc sans raison les "traitements agressifs d'une stimulation de l'ovulation et d'une ponction ovaire".

Cela favoriserait les grossesses tardives, s'inquiète aussi la fédération, qui, en outre, évalue cette pratique à 3 000 euros : un coût "très important pour la société si une prise en charge est envisagée". Si ce n'est pas pris en charge par la Sécurité sociale, cela créerait une "inégalité d'accès aux soins, puisque seules les plus aisées financièrement pourraient se le permettre", fait-elle remarquer avant d'ajouter qu'"aucune technique ne peut garantir avec certitude l'obtention d'une grossesse". De quoi réfléchir.

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